Résumé
Les aquifères côtiers constituent une part non négligeable des potentialités en eau susceptibles d’y être mobilisées en quantités adéquates et avec une bonne salinité. En contexte aride à semi-aride, ces aquifères subissent un stress hydrique suite aux périodes prolongées de sécheresse, la surexploitation des eaux souterraines et l’invasion des nappes côtières par les eaux de la mer. La rupture de l’interface eau douce-eau salée génère une augmentation de la salinité des eaux souterraines.
La nappe phréatique de Korba, partie de la côte orientale du Cap-Bon, est parmi les nappes les plus surexploitées en Tunisie. Le suivi spatio-temporel quantitatif et qualitatif de cette nappe a été continue depuis les années soixante. Plusieurs modèles de fonctionnement hydrogéologique des eaux souterraines ont mis en évidence que les prélèvements importants avaient engendré une inversion du gradient hydraulique conduisant à une intrusion marine (ENNABLI, 1980; Kouzana et al., 2010., Kerrou et al., 2010, Zghibi, 2013). En fait, la demande en eau de cette zone est de loin plus importante que ses disponibilités. Les ressources renouvelables de la nappe de la côte orientale sont estimées à 50 millions de m3/an et sont exploitées à raison de 55 millions de m3(Kerrou, 2008).
Plusieurs autres facteurs non négligeables dont le retour des eaux d’irrigation (Selma et al., 2012) et la nature lithologique de cet aquifère sont à l’origine de la salinité des eaux souterraines (Kouzana et al., 2009).
En outre, l’utilisation de divers engrais a contribué aussi à détériorer qualitativement et quantitativement les eaux souterraines de cette nappe (Kouzana et al., 2009).
Les gestionnaires de la ressource en eau en Tunisie n’ont pas cessé de prendre des décisions d’ordre législatif face à ce fléau qui inhibe le développement socio-économique de cette région.
Dans le cadre de la stratégie décennale de la Tunisie dans le domaine de la réutilisation des eaux usées traitées afin de lutter contre l’invasion marine de la nappe, un site de recharge par la réutilisation des eaux usées traitées a été mis en place depuis Décembre 2008. Le dispositif proposé comporte trois bassins d’infiltration de 1500 m² chacun, dont deux fonctionnent simultanément et un au repos. Les eaux de recharge sont issues de la station d’épuration de Korba après un traitement tertiaire, le volume moyen injecté est de 1500 m3/jour.
Le présent travail a pour but d’étudier l’impact de cette recharge artificielle moyennant le suivi quantitatif et qualitatif de la nappe durant les quatre premières années de recharge. La mise au point d’un modèle numérique d’écoulement en zone saturée et non-saturée aura pour terme la prévision de cet impact à long terme.