Résumé
En Tunisie, pendant les deux dernières décennies, les lacs collinaires occupent une grande place dans les stratégies nationales de Conservation des Eaux et des Sols (CES). Outre leur rôle de protection du milieu, les lacs collinaires apparaissent comme des réserves locales d’eau disponible pour l’agriculture. Néanmoins ces infrastructures hydrauliques sont assez sensibles à la sédimentation à cause des apports solides. L’érosion hydrique touche près de 3 millions d’hectares des sols agricoles en Tunisie, et constitue une menace pour la durabilité des retenues collinaires destinées à mobiliser les eaux de surface ; où l’activité économique dominante demeure l’agriculture. Par conséquent, des méthodes de contrôle s’avèrent nécessaires, afin d’assurer une gestion durable des sols et de sécuriser les productions agricoles. L’objectif de cette étude est de fournir des éléments pour cartographier et régionaliser la vulnérabilité multifactorielle à l’envasement de 26 lacs collinaires situés en Tunisie Centrale, le long de la Dorsale Tunisienne jusqu’au Cap Bon. L’approche passe par une analyse des principaux facteurs de l’érosion : l’érosivité des pluies, l’érodabilité des sols, la pente et l’occupation des sols. Les cartes obtenues sont intégrées dans un Système d’Information Géographique (SIG) à l’aide d’une combinaison additive pour établir une carte de vulnérabilité à l’envasement. Cette carte est validée par des observations de terrain. Trois classes de vulnérabilité multifactorielle à l’envasement ont été distinguées : les zones à faible vulnérabilité (49,6 %) ; les zones à vulnérabilité moyenne (27,6 %) et les zones fortement vulnérables (22,8 %). Cette première ébauche cartographique est un outil devant aider les décideurs pour l’attribution des zones de cultures et des sites pouvant abriter des infrastructures socio-économiques d’une part et servira à une planification des stratégies pour le développement et la gestion des ressources en eau et la conservation des eaux et du sol à l’échelle des petits bassins versants d’autre part.