Résumé
Cette étude présente la complexité managériale du conflit homme-éléphant (CHE) dans le sahel camerounais peuplé de plus de trois millions d’habitants. Elle constitue non seulement un problème environnemental, mais aussi de société et d’économie dont les défis à relever sont énormes et doivent faire appel à l’aide internationale. Partout où l’espace est partagé entre ces deux usagers, le CHE va toujours se présenter. La précarité du cadre juridique, le cafouillage dans la coordination des territoires, l’extensivité des systèmes de production agropastoraux et la vulnérabilité écologique déterminent ce conflit qui s’exacerbe sans aucune véritable solution. Chaque année, plus de 2000 hectares de cultures sont détruites dans les villages installés sur le couloir de migration des éléphants. Lors de cette mobilité, les éléphants menacés d’extinction sont aussi exposés au braconnage. Pour le limiter, l’Etat camerounais a mis en place des outils plus juridiques qu’instrumentaux. Sur le terrain, l’application des textes réglementaires souffre d’énormes difficultés dans un contexte nord-camerounais marqué par la suprématie des pouvoirs traditionnel et religieux en matière de la gestion des territoires. Pour renforcer ces actions étatiques, la prise en compte des mécanismes endogènes de régulation sociale et le renforcement des capacités des communautés locales en matière de prévention et de gestion durable et équitable du CHE doivent accompagner les études à références spatiales en vue de mettre en place un plan d’aide à la décision.